En 1913, une circulaire de l’Académie de Paris impose aux élèves filles des jupes « à mi-mollet » dans les écoles, pendant qu’à quelques rues de là, les premiers pantalons féminins apparaissent, portés par quelques pionnières en ville. L’industrie textile, même ralentie par la guerre, continue de produire de la soie et du velours pour une élite. Les maisons de couture parisiennes imaginent des formes inédites, alors que la grande majorité adapte, retouche et recycle les vêtements du passé, faute de moyens.
Sur ces bases contrastées se dessinent de nouvelles silhouettes, forgées à la fois par l’audace des créateurs et les bouleversements du quotidien. Les tendances évoluent au rythme des mutations économiques et d’une société où la place des femmes change à vue d’œil.
Plan de l'article
La France des années 1910-1920 : une décennie de bouleversements pour la mode
À la veille de la guerre, Paris reste la référence incontestée. La mode française, longtemps synonyme d’ostentation, prend un virage décisif. La Belle Époque s’efface. Les robes rigides, corsetées, laissent place à des vêtements plus souples, inspirés des drapés antiques. Les femmes se défont peu à peu du corset et la silhouette droite s’impose dans la mode féminine.
Pendant la Première Guerre mondiale, tout bascule. Le quotidien guide la création : les jupes raccourcissent, les tissus deviennent plus accessibles, les couleurs se font plus neutres. Les tendances et styles de l’époque en France reflètent cette adaptation, mêlant sobriété et élégance. Les femmes actives, ouvrières, infirmières, employées, cherchent des tenues pratiques ; la robe se simplifie, les manteaux gagnent en fonctionnalité.
Dans les ateliers parisiens, Paul Poiret et d’autres inventent une nouvelle esthétique. Taille haute, coupe droite, motifs venus d’Orient : l’inspiration se renouvelle. Pourtant, pour la majorité, le quotidien reste fait de récup’ et de transformations, la nécessité dictant le style.
La mode années 1910-1920 en France incarne ce moment charnière : héritage de la Belle Époque, prémisses de la modernité, contraintes économiques et envie de liberté. Toute une histoire de la mode se joue là, déjà teintée de ce qui deviendra l’esprit vintage.
Quels styles et tendances ont marqué l’élégance de l’époque ?
Dans les années 1910-1920, la mode féminine s’affirme, à la croisée du changement et de la tradition. On voit émerger le style garçonne dans les rues de Paris, loin des silhouettes corsetées de la Belle Époque. Les robes s’allongent tout en s’épurant, la taille se fait mobile, voire disparaît. Les jupes dessous genou deviennent monnaie courante, gage de liberté et d’allure.
Dans les salons et sur les photos de l’époque, la robe de soir s’impose avec des tissus précieux : soie, mousseline, broderies raffinées. L’art nouveau et l’art déco inspirent motifs géométriques, coupes franches, touches stylisées. Les accessoires jouent un rôle clé : longs sautoirs, bandeaux raffinés, étoffes aériennes, autant de détails qui signent une féminité renouvelée.
Voici les éléments phares qui structurent les tenues de la décennie :
- Robe jupe fluide, longueur sous le genou
- Couleurs sobres ou contrastes marqués
- Dessins art déco et détails métallisés
- Abandon du corset pour plus de liberté
La mode vintage des années 1910-1920 reflète ce dialogue continu entre passé et nouveauté. Les habits masculins s’invitent chez les femmes : vestons courts, cravates fines, chapeaux cloches. La journée, la simplicité prévaut. Le soir venu, la robe de bal se pare de sophistication, révélant l’inventivité de la mode française.
Créateurs visionnaires, icônes et influences culturelles majeures
Au centre de la mode féminine des années 1910-1920, plusieurs personnalités marquent l’époque. Paul Poiret, véritable précurseur, fait tomber le corset, valorise les coupes droites, mise sur des tissus fluides et des couleurs vives. Ses créations font de Paris une scène d’innovation permanente. Jeanne Paquin s’impose par la modernité de ses formes et l’art de la mise en scène, initiant les premiers défilés qui annoncent l’industrie de la mode telle qu’on la connaît.
Puis arrive Coco Chanel. Sa vision bouleverse les codes : tailleur minimaliste, robes droites en jersey, emprunt au costume masculin pour une allure neuve. Chanel impose une autre idée de l’élégance : simplicité, aisance, chic sans ostentation. Madeleine Vionnet se distingue par la coupe en biais, offrant aux vêtements une légèreté insoupçonnée.
L’époque porte aussi ses figures emblématiques. Joséphine Baker séduit par son indépendance et son style inimitable. Louise Brooks, actrice aux cheveux courts, incarne la garçonne, audacieuse et moderne. Les influences traversent l’Atlantique, nourrissant une esthétique ouverte et métissée. La mode France s’enrichit de ces échanges, mêlant créativité et individualité, et esquisse les contours d’une modernité irrésistible.
Explorer la mode du XXe siècle : quelles évolutions après 1920 ?
Après 1920, les années mode s’accélèrent encore. La mode féminine affirme son autonomie, portée par une société en quête de nouveauté. Le corset disparaît pour de bon, le pantalon féminin s’impose dans les vestiaires, bousculant les traditions. Si la mode France continue de rayonner, elle se nourrit désormais d’influences mondiales, annonçant les débuts de la mondialisation du style.
Le prêt-à-porter transforme la façon de s’habiller. Avec des créateurs comme Yves Saint Laurent, le tailleur-pantalon et le vêtement unisexe deviennent des objets de désir. Le jean traverse les générations, s’affirme dans toutes les classes sociales. Les marques de luxe côtoient les griffes de sport, dessinant un paysage où l’audace côtoie la tradition.
La Seconde Guerre mondiale impose de nouvelles contraintes : restrictions textiles, palettes sobres, mais aussi inventivité pour sublimer le manque. Plus tard, la mini-jupe, le maillot de bain, le retour du style rétro ou vintage témoignent d’une volonté de s’affranchir des codes. L’essor de maisons comme Prada, Nike et d’autres révèle l’influence internationale qui façonne la mode histoire du XXe siècle.
Un siècle plus tard, certaines lignes, certains détails ou audaces de cette décennie inspirent toujours. À chaque génération, la mode joue avec son passé pour réinventer l’allure du présent. Qui peut dire à quoi ressemblera le prochain grand bouleversement ?